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La codéine : Purple (drank), la nouvelle couleur du cerveau des jeunes


Qu'est-ce que la codéine ?
La codéine est en fait le nom d'une molécule que l'on retrouve dans certains médicaments consommés au quotidien tel que des médicaments antitussifs ou analgésiques, respectivement contre la toux et contre la douleur : Euphon, Tussipax, Tussidane, Klipal, Néocodion, etc. 
Cette molécule fait partie de la famille des opiacés, c'est-à-dire des dérivés de l'opium.
L'image ci-dessous nous montre la structure moléculaire de la codéine à côté de deux autres célèbres molécules de la famille des opiacés :


De l'opium à la codéine : Bref résumé.

Extraite d'une plante appelée le pavot somnifère ou plus précisément du liquide blanc laiteux issu du pavot, l'opium est une substance aux usages multiples qui tout au long de l'histoire n'a eu de cesse d'animer les débats.

Connu pour ses forts effets de somnolence, l'opium était avant tout recherché pour ses qualités thérapeutiques. Aucun produit d'antan n’était aussi efficace pour soulager la douleur et traiter nombre de maladies et d’épidémies.

L'opium acquit ensuite la réputation d’aphrodisiaque grâce à ses vertus érectiles et sa capacité à retarder la jouissance. Plus tard, ses effets psychotropes (agissant sur le système nerveux central) et narcotiques (occasionnant un état de somnolence) seront utilisé à des fins récréatives et alimenteront le marché de la drogue.


La codéine comme drogue ou l'usage détourné de la codéine
« Purple drank », « sirop codéine », « codé-sprite », « lean », « syzzurp », etc. Derrière toutes ces appellations se cache un cocktail euphorisant fait à base de médicaments, généralement sous forme de sirop, contenant de la codéine.
En effet, consommé à des fins récréatives, le cocktail codéiné  (purple drank) s'obtient par le mélange d'un sirop ou de comprimés codéinés à une boisson gazeuse de type soda, la plus utilisée étant le sprite.
Des bonbons ou de la grenadine et des glaçons peuvent y être ajoutés pour le goût. La prise du cocktail codéiné s'accompagne d'un médicament antihistaminique contenant de la prométhazine (contre les allergies) pour éviter les démangeaisons provoquées par les effets secondaires du médicament : Phenergan, Rhinatiol, etc.

PS : Cela revient quasiment à s'injecter du poison et son antidote en même temps juste pour le fun.

Les sirops utilisés sont de teinture pourpre, rose ou violette, d’où le surnom « purple drank ».


D’où vient le purple drank ?
Il semblerait que le phénomène soit née dans les années 60, dans le sud des Etats-Unis, plus précisément dans la ville de Houston de l'Etat du Texas avec les artistes de blues. En effet, ces derniers ont la curieuse coutume de mélanger à leur bière, du sirop pour la toux. Les puristes appellent d'ailleurs le cocktail codéiné : le «Texas tea », mettant en avant son origine géographique.

Dans les années 90, la pratique et la consommation du fameux cocktail, qui était jusque là méconnue du grand public, voit sa côte de popularité monter en flèche. Encore une fois par la scène musicale de Houston, mais cette fois-ci, par le biais des artistes de Hip Hop et de Rap.
C'est en la personne de Robert Earl Davis Jr, de son pseudo DJ Screw, désormais le tristement célèbre ; Beatmaker, DJ et rappeur afro-américain, que l'usage du purple drank s'est popularisé. En effet, ce dernier sirote à longueur de journée la mixture. Lors d'une session sous l'emprise du cocktail, il développe une technique propre à lui-même et décide de ralentir ses pistes et de les entre-couper de scratchs. C'est la naissance du « chopped & screwed », en français : le « haché & bousillé ». Selon lui, ce style s’apparente à ce que l'on ressent sous l'effet du sirop codéine.

Régalez-vous : DJ Screw - Southside groovin


La popularité du DJ s’accroît et avec elle, celle du purple drank. L'histoire aurait pue être belle mais DJ Screw meurt d'une overdose le 16 Novembre 2000 à l'âge de 29 ans, laissant derrière lui de nombreux disciples et toute une génération de futures adeptes.


Après lui, ce fut le tour de l'un de ses disciples Big Moe, qui meurt d'une crise cardiaque en 2007 à l'âge de 33 ans, après avoir passé une semaine dans le coma. Il avait notamment sorti deux albums « City of Syrup » en 2000 et « Purple World » en 2002, des intitulés qui parlent d'eux mêmes.
La même année, vint le tour de la légende du rap Pimp C, autre rappeur Texan, retrouvé mort dans son hôtel de L.A. à cause des effets de la codéine. Les deux rappeurs avaient le même âge.


Le rap aux couleurs du purple drank
L'usage du purple drank continue de se propager avec de nombreuses stars du rap américain s'affichant cup de drank à la main et d'autres multipliant les incidents. 
C'est le cas du rappeurs Lil Wayne, qui a popularisé cette recette au-delà des frontières des Etats-unis. Ce dernier a d'ailleurs été victime de crises d'épilepsies récurrentes dues à sa consommation du mélange, qui l'ont amenés à être hospitalisé à plusieurs reprises depuis l'année 2012. A l'heure actuelle, le dernier incident recensé étant celui de septembre 2017.

D'autres stars du rap américain comme 2 Chainz, pour ne citer que lui, exposé dans la presse people après son arrestation en 2013 pour possession de stupéfiants, notamment de marijuana et de prométhazine, l'un des deux ingrédients pour réaliser le purple drank, n'ont fait qu'accentuer l'image cool du produit.

En 2014, Gucci Mane est l’une des premières personnalités du milieu du rap américain, utilisatrices du produit, à tirer la sonnette d’alarme sur Twitter.
Alors incarcéré, le rappeur d’Atlanta lance un appel à la jeunesse, clair, net et précis :
« A tous les jeunes qui me suivent je vous supplie tous de rester loin de la codéine antitussif, ce n’est pas cool d’être en prison ou de mourir tôt ».

Mais la prévention semble avoir peu d’effets dans le milieu même du rap américain.

Exemples concrets, en 2015 ASAP Yams, fondateur et manager du groupe de rap ASAP Mob tweetait...
... avant de s’éteindre le  lendemain des suites d’une overdose.

La culture rap - hip hop à toujours fortement influencé la jeunesse et marqué des générations.
Le rap étant né en Amérique, d'un mouvement de la culture noir américaine plus précisément. L'industrie du hip hop et du rap américain est par conséquent celle qui trône et influence toutes les autres industries apparues bien après (rap français, latino, etc.) tant au niveau des styles musicaux que des pratiques des rappeurs.


Dans le rap français par exemple, nous pouvons retrouver des allusions au sirop codéine dans les textes des rappeurs :

« ...viens avec deux copines, je serais avec Jo et Pims, il y aura du sprite, de la codéine » #MZ #LuneDeFiel (2014)

« J'ai de la beuh pour toi, un peu d'O.G. pour toi, un peu de lean pour toi » #Damso #Vitrine (2017)

... et bien d'autres.

En France d'ailleurs, depuis Juillet 2017, les médicaments à base de codéine sont désormais interdit en vente libre sans ordonnance suite à l'accentuation du phénomène et aux décès déclarés de deux adolescents :




En Afrique :


Que savons-nous des effets de cette drogue à boire ?
L’effet premier recherché lors de la prise du cocktail codéiné « purple drank » est celui de la relaxation, dans un état à la fois euphorique et engourdie. La défonce est planante, relaxante et le monde semble tourner au ralenti. Cela s'explique par les effets opioïdes de la codéine.

L'usage détourné de la codéine à des fins récréatives expose ses utilisateurs à toutes sortes de troubles et de dangers. En effet, la codéine est un dépresseur (qui ralentit l'activité) respiratoire et la prométhazine, elle, est un dépresseur du système nerveux central. Consommée de cette manière, la codéine a des effets négatifs sur les reins, le cerveau et pire, peut provoquer des arrêts respiratoires.

L'action de la codéine se déroule principalement au niveau du cerveau. Son entrée dans l'organisme a pour effet de ralentir le rythme cardiaque mais aussi d'abaisser le seuil épileptogène ; seuil en dessous duquel une crise d'épilepsie se déclenche chez un sujet.

De nombreux effets secondaires sur le court terme ont d'ailleurs été décelés cliniquement à usage normal :
- somnolence
- trouble de la vigilance
- rétention urinaire (Constipation)
- nausées & vomissements
- vertiges

Une tolérance aux effets psychotropes de la Codéine peut s'installer, parfois très rapidement, ce qui emmène dans la recherche de l'euphorie à une augmentation des doses et par conséquent à une augmentation des risques mortels :
- arrêts respiratoire
- crises cardiaque
- crises convulsives engendrant des lésions au cerveau

Aussi, de par sa prise par voie orale, la mixture codéiné est métabolisé par le foie et passe ensuite par les reins, ce qui de façon régulière occasionne l'accumulation des médicaments et donc de la toxicité. 

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